lundi 30 juin 2014

Is it possible to be a revolutionary and like flowers? Camille HENROT

Est-il possible d'être un révolutionnaire et d'aimer les fleurs?

© Camille Henrot / Photo. Fabrice Seixas Courtesy de l'artiste et Kamel Mennour, Paris


Selon la tradition japonaise, l'ikebana a été créé pour "consoler l'âme". La forme d'une pièce d'ikebana, ses couleurs et le choix des fleurs utilisées constitue une forme de langage. La fonction de consoler associée au langage - deux aspects partagés par les livres et les fleurs - sont le point de départ. Ainsi, chaque pièce d'ikebana représente les œuvres choisies par l'artiste après un principe de traduction dont les règles ont été réinventées, en utilisant la puissance d'évocation des noms latins et communs des fleurs, les noms destinés à leur exploitation commerciale, leur puissance pharmacologique ou même l'histoire de leurs origines. Ainsi la pièce d'ikebana qui rend hommage au Discours sur le colonialisme [Essai sur le colonialisme] est constitué d'une branche de palmier (alma armata) et d'une tulipe renversée (de retroflexa Tulip). L'hommage au caractère fétiche de la marchandise [Le caractère fétichiste de biens de consommation] est composé d'une rose nommée «liberté» et de trois oeillets.
Les pensées produites par la littérature, la philosophie ou l'anthropologie (qui constituent une grande partie de la bibliothèque choisie par l'artiste) font partie intégrante de notre vie quotidienne. Mais, à certains égards, elles sont aussi des «objets décoratifs», dans ce contexte, ce qui signifie qu'elles créent un cadre, un environnement stimulant et réconfortant tout comme une bibliothèque peut l'être. Des livres aux fleurs, le projet met en lumière nos préjugés sur ce qui est dangereux ou inoffensif, sur ce qui appartient aux arts de l'intellect et à ceux de la vie quotidienne.